Gaza Walls, 2001
J’ai réalisé cette série à Gaza en 2001, durant les premiers mois de la Deuxième Intifada. Au fil des jours, sur les portes et les murs de la ville, devenus supports d’information depuis la Première Intifada (1987-1993), s’accumulent portraits de « martyrs » placardés, affiches « morales », slogans, graffiti, relevés techniques… La rue porte ainsi l’annonce des disparitions, successions de visages eux-mêmes enclins à l’effacement (détériorations volontaires ou naturelles, arrachement, recouvrement, passage du temps…). C’est le statut incertain de ces images qui m’intéresse ici, la complexité formelle, symbolique et profondément identitaire qu’elles contiennent.
Cette série a été pensée comme la (re)présentation de cette double disparition : absence des êtres dont l’existence est en quelque sorte « reconnue » à travers la présence imagée (l’affiche) et disparition du véhicule même de la mémoire.
Depuis plusieurs années, les notions de vide, d’absence et d’arrachement ponctuent mon travail. Ainsi l’installation Absence (1997) ou la série à l’encre de Chine Sans titre (2000), Pères (2006) ou, plus récemment, To my Brother (2012), soixante gravures réalisées manuellement d’après un album de photographies de famille…
Taysir Batniji, 2006, texte co-écrit avec Sophie Jaulmes