Cette installation est composée d’un matelas en marbre (Le Socle du monde) et d’une photographie numérique (Constellation) prise dans l’obscurité du capuchon de l’appareil photo qui a été maintenu fermé. Il s’agit d’un double hommage au célèbre Socle du monde (1961) de Piero Manzoni et à Galilei, à qui Manzoni rendait justement hommage. Ces deux éléments, l’un très matériel, massif, pesant et l’autre immatériel, impalpable, vide, respectivement incarnés par des matériaux antagonistes (le marbre et  le numérique), constituent un univers poétique, une sorte de rêve indéchiffrable, où les objets familiers revêtent une apparence méconnue, dissonante, parfois imprécise…

Le matelas évoque le repos, le sommeil, l’inconscient, le rêve, la sensualité… Lieu des secrets, refuge face au monde. Lieu de la conception, il  porte en lui sa propre contradiction : le matelas est aussi le lieu où l’homme rend son dernier souffle (lorsqu’il a la « chance » de mourir au repos), ce que souligne le marbre, élément sépulcral, froid, silencieux, immobile.

Si ces deux éléments (l’atome, le matelas) peuvent générer la vie, le possible, ils symbolisent également son absence, le retour à la poussière…

Cet ensemble, de par sa référentialité, emprunt « remanié » de l’œuvre de Manzoni, redit, au moyen du matelas (socle vivant, objet domestique, usuel, à la forme réversible ou non-orientée, non réduit à son unique fonction muséale), notre rapport au monde et à l’infini. Redire l’ambivalence de la vie, de l’art, de l’homme, des choses, du sens même… Réintroduire la possibilité d’un monde sans endroit ni envers.