Home Away from Home / My Uncle Saleem’s House, 2017
Photos prises par Rehaf Batniji
De retour en France après mes voyages aux États-Unis, j’ai eu le sentiment qu’il fallait que je me tourne vers Gaza, où tout avait commencé. Je voulais voir ce qui restait de nos souvenirs, les souvenirs de mes cousins, mais aussi les miens. Dresser une sorte d’état des lieux.
J’ai demandé à ma nièce Rehaf, jeune photographe talentueuse, de réunir des archives et de photographier la maison familiale de Khadra et d’Ahmed, à laquelle nous étions tous attachés et qui avait été, durant des années, le lieu de ralliement de la famille Batniji élargie. C’est là que l’on accueillait mes cousins lors de leurs visites estivales à Gaza. C’est également le lieu où s’est déroulée une partie de mon enfance – un lieu qui tient une large place dans ma mémoire.
Jusqu’à il y a quelques années, la maison avait pour uniques occupants Aida et Intisar, les filles d’Ahmed et de sa première femme, ma cousine Nada, décédée il y a plus de vingt ans. Aida, elle, a quitté la maison après son mariage ; seule Intisar, qui est sourde et muette, habite encore dans la demeure familiale.
Essayant de voir à travers mes yeux, Rehaf a photographié des fragments de la maison et du jardin et a fait des portraits d’Aida et d’Intisar. La maison semble être dans un état de dégradation avancé. Les photos de famille, qui ornaient jadis les murs, ont disparu et ont été remplacées par ce verset du Coran : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux ».