Dans la vidéo Bruit de fond, on voit un plan fixe du visage surdimensionné de l’artiste qui tente, au gré de plusieurs séquences fixes (« ratages » compris), de controler les clignements de ses yeux provoqués par des détonations. Un texte, récupéré dans un quotidien, accompagne cette performance filmée, il s’agit des réponses d’un pilote israélien à une interview. Il y décrit un bombardement aérien et ce qu’il ressent quand il largue ses bombes sur sa cible. Ces deux récits du conflit, volontairement mécanisés, d’un coté par le montage d’un visage figé, apathique, et de l’autre par des réponses rendues laconiques et dépassionnées par l’effacement des questions, sonnent un peu comme la synthèse de la situation israélo-palestinienne. D’un coté un huis clos, de l’autre un monologue…

      « Je voyais avec stupéfaction et effroi les centaines de bombes   tomber sur la colline. J’avais observé le village à travers de bonnes   jumelles et j’avais été émerveillé par la beauté de son site, de ses   maisons aux toits de tuiles rouges… Les oreilles pleines de cris de   terreur de gens fuyant en tout sens, je pensais que la quantité de   bombes et d’explosifs utilisés était vraiment trop grande… Je faisais   un calcul rapide, pour chaque terroriste, les canons avaient tiré douze   obus de 155 mm, en plus de 20 tonnes de T.N.T. lancées par les   avions… »

  « Je dors bien la nuit »

  « Ce que je ressens quand je lâche une bombe ?
Simplement une légère secousse dans l’aile [de l’avion] quand on fait   partir la bombe. »

Dan Halutz, commandant de la force aérienne israélienne entre 2000 et 2004,
chef d’état major de l’armée israélienne à partir de juillet 2005