To my Brother, 2012
En 1985, Taysir Batniji a célébré le mariage de son frère avec sa famille à Gaza. Deux ans plus tard la première Intifada (1987-1993) a éclaté, et le frère de Taysir a été tué par un sniper israélien, au 9e jour du soulèvement. Comment la perte personnelle peut être représenté? Est-il possible de rendre quelque chose d’absent tangible, et de matérialiser une mémoire? Comment peut-on retracer la porosité entre le personnel et le collectif – en particulier dans le cas de la Palestine – en parlant de la mémoire et de choses perdues? Taysir Batniji a gravé une série de 60 « dessins » sans encre sur le papier, à partir de photographies de mariage de son frère. Ces « dessins », évoquent une temps plus heureuse, remplie de joie et de réunion familiale. To my Brother est une œuvre fragile et poétique qui nécessite une relation intime avec le spectateur: de loin les dessins apparaissent comme des feuilles de papier vierges, de plus prêt, on est en mesure de tracer les contours des formes humaines qui habitent ces dessins , les souvenirs de l’artiste, et les fines lignes entre une présence éphémère et une absence permanente. En se tenant plus près on est en mesure de discerner que Batniji a laissé de côté certains détails, ou a souligné d’autres. Comme le titre l’indique, cette série est une dédicace à son frère Mayssara Batniji et une commémoration de sa mort prématurée. Cependant, cette histoire des liens très personnels dans un contexte politique plus large de conflits au Moyen-Orient, montre comment les expériences personnelles en fin de compte, d’une manière ou d’une autre, font partie d’un récit collectif. Finalement, le traçage de Batniji de la perte et de ses conséquences est une histoire qui nous parle à tous: le deuil tragique d’un être cher transcende les frontières géographiques strictes et les discours politiques. Nat Muller, for the catalogie of Abraaj Capital art Prize » Spectral Empreints ».