Diptyque : photographie couleur, tirage jet d’encre sur papier, 47 x 70 cm, et table en Formica, 70 x 85 cm

Taysir Batniji s’accroche au temps et immortalise ce qui, dans son entourage, tend à disparaître. Ainsi le diptyque Tabula Ghaza (2005-2014), réalisé en 2019 dans un clin d’œil à l’œuvre One and Three Chairs (1965) de l’artiste conceptuel étasunien Joseph Kosuth : une table (de jeu) au plateau élimé, récupérée en 2014 à Gaza, et une reproduction de la même table photographiée neuf ans plus tôt par l’artiste, juste avant que le blocus imposé par l’État israélien ne le retienne hors de son pays durant plus de six années.

Ce diptyque est un gros plan sur l’usure et le passage du temps, mais aussi, par extension, si l’on s’en tient au titre jeu de mots, contraction du latin « tabula », table, et de la transcription phonétique du nom Gaza en arabe, « Ghaza », une discrète incitation à ne jamais exclure le principe avant-gardiste de la « table rase ».

Une œuvre de prime abord abstraite, dont la double planéité (idéal pictural greenbergien) est loin de suffire à sa seule formalité.