Cette série dénote la mélancolie des après-midi gazaouis chauds et humides durant lesquels je m’abritais chez moi, au frais. Las, engourdi par la chaleur, je comblais l’ennui dans ma chambre, en lisant, en somnolant ou, soumis à une certaine inertie, en photographiant, sur les murs, les formes des ombres projetées et, sur le sol, les rais de lumière, j’enregistrais ce que je voyais de ma fenêtre (au point de me trouver un jour face à deux images quasiment identiques prises à plus de trois ans d’intervalle). J’aimais photographier mes neveux qui, pour venir me voir, montaient les escaliers conduisant à ma chambre l’un après l’autre, sur la pointe des pieds, par peur de me déranger ou par timidité. J’ai aussi pris en photo les membres de ma famille, des moments de retrouvaille, de fête, enfin, l’atelier que j’ai construit dans une partie de la maison en 2001 et dans lequel je n’ai finalement travaillé que quelques heures. À peine le chantier achevé, j’ai quitté Gaza pour une résidence de huit mois en Allemagne, à Stuttgart. Ensuite, je suis retourné en France où j’avais vécu cinq ans entre 1995 et 2000.

Jusqu’en 2006, je rentrais chez moi chaque année (quand c’était possible), j’ouvrais mon atelier, en chassais la poussière qui s’était amoncelée pendant mon absence et je le refermais. C’était déjà le moment de repartir… Cet atelier n’existe plus depuis une dizaine d’années : la famille s’agrandit et on avait besoin d’espace.